Deux grandes tendances à prendre en considération pour une stratégie de croissance long-terme en Afrique

L’Afrique est un énorme marché à saisir de 1.2 milliards de personnes au milieu d’une accélération économique historique. Des centaines de grandes compagnies locales et de multinationales ont réussi à construire des business florissants et pérennes dans le temps sur le continent démontrant par la même occasion que le continent africain est un marché clé à prendre au sérieux.

Que vous soyez une entreprise sur le continent ou un investisseur potentiel sur l’Afrique, il n’est donc plus nécessaire de démontrer l’attractivité de l’Afrique. Néanmoins, pour réussir sur le continent il est important d’identifier les tendances qui vont rythmer la croissance sur le long terme.

  • Croissance rapide d’une population en zone urbaine avec un pouvoir d’achat de plus en plus élevé

Un habitant sur cinq dans le monde sera africain d’ici 2025, avec une population qui devrait doubler d’ici 2050 pour atteindre 2.5 milliards d’habitants. Cette croissance fera de l’Afrique l’une des seules régions dans le monde avec une croissance corrélée masse de consommateurs versus main d’œuvre. L’Afrique devrait avoir la plus grande population active d’ici 2034 devant l’Inde et la Chine. Plus important, 80% de cette croissance démographique devrait se faire dans les villes avec d’ici 2030 environ 17 villes de plus de 5 millions d’habitants et 89 villes de plus de 1 millions d’habitants selon le United Nation World Population Prospect (Juillet 2015)

Villes Africaines par population (millions de personnes) d’ici 2030 – Source : McKinsey Global Institute

Il est important de tenir compte de ces points de croissance démographique parce que l’histoire nous a montré que croissance rime souvent avec urbanisation et industrialisation. Cela a été le cas de l’Europe au 18eme siècle, des US au 19eme siècle, du Japon au 20eme et c’est le cas actuellement dans la plupart des pays émergents dont l’Inde, la Chine et plusieurs pays africains.

  • La nouvelle révolution de la production

Le passage au numérique et les nouvelles technologies de fabrication sont susceptibles de redéfinir l’avantage comparatif des pays au sein des réseaux de production mondiaux. Dans le cadre de cette nouvelle révolution de la production, parfois appelée « Industrie 4.0 », les services et les données constitueront la majeure partie des échanges commerciaux à l’international, notamment sous forme de services groupés et de flux d’information par voie numérique. Cette révolution de la production ouvre de nouveaux horizons aux pays africains en matière de trajectoires de développement.

Premièrement, les entrepreneurs et les PME du continent africain peuvent bénéficier d’un meilleur accès à de nouveaux modes de production et de réseaux mondiaux, dont ils étaient coupés auparavant. L’investissement dans des activités s’appuyant sur les technologies numériques peut générer des économies d’échelle sans précédent par rapport aux industries manufacturières traditionnelles.

Deuxièmement, le commerce de services et les nouvelles technologies peuvent largement s’affranchir des freins logistiques et des barrières douanières. Les contraintes d’ordre matériel, comme l’inadéquation des réseaux routiers, devraient peser moins lourdement avec l’avènement de ces nouvelles méthodes de production. L’Afrique s’est remarquablement adaptée aux TIC : son utilisation des services bancaires mobiles, par exemple, dépasse celle de toutes les autres régions en voie de développement réunies. Le commerce de services sur le continent est passé d’environ 138 milliards de dollars (USD) en 2005 à près de 260 milliards de dollars (USD) en 2015.

            Comptes d’argent mobile déclarés dans les régions du monde, 2013-2016

                        Source : GSMA (2017), 2017 State of the Industry Report on Mobile Money.

Wilfried TSOBLEFACK

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