Financement des PME africaines : Banques ou Fonds privés ?

Commerce, industries manufacturières, agro-industries… : saviez-vous que ces services essentiels qui font la force de l’Afrique du 21ème siècle n’existeraient pas à ce niveau de développement sans le rôle de pointe que jouent les PME africaines ? Car ce sont bien des milliers de PME qui, relayant au plus près des populations du Continent les actions des politiques publiques, actionnent concrètement les leviers de la croissance du secteur privé !

Et pourtant, malgré ce rôle essentiel (communément reconnu par les pouvoirs en place), ces PME ont beaucoup de mal à trouver des financements (plus encore en Afrique subsaharienne que dans le reste du continent). Heureusement, deux pistes prometteuses (le « financement en dette bancaire » et le « private equity ») permettent de croire en des lendemains qui chantent !

1-Priorité n° 1 : (r)établir la confiance entre banques et PME !

Toutes les PME du monde ont des besoins récurrents de « facilités bancaires » pour investir ou faire face à un défaut passager de liquidités (on parle alors communément de « financement en dette bancaire »). Mais, en Afrique plus qu’ailleurs, les banques renâclent à accorder ces facilités. Ce qui est bien évidemment dommageable, même si les raisons de refus sont souvent « objectives », largement basées sur un manque de confiance concernant la « crédibilité » des informations financières fournies par les entreprises.

Ici, c’est l’absence de normes comptables qui ne permet aux banques d’apprécier sûrement la santé des PME. Là, ce sont des cabinets comptables indépendants en nombre insuffisants pour faire face à toutes les demandes d’informations. Dans d’autres cas, ce sont des banques incapables d’apprécier la situation des PME, suite aux limites parfois floues entre « actifs de l’entreprise » et « patrimoine personnel ». Sans compter les données comptables possiblement sous-évaluées pour échapper à (ou amoindrir) la rigueur du fisc…

Alors, quand les financements bancaires « classiques » viennent à faire défaut aux PME, l’imagination revient au pouvoir, sous la forme d’investissements ou de participation privés. On parle alors de « private equity », qui peut se matérialiser en capital investissement (apports importants de capital-risque ou de capital-développement) ou qui, pour des montants plus faibles, peut prendre la forme plus novatrice de « crowdfunding » (finance participative), de microfinance ou de finance islamique.

2-Capital investissement : un financement privé puissant et efficace… mais trop rare

Dans la grande majorité des cas, les investissements moyens alloués (longtemps supérieurs à 5 millions de dollars mais aujourd’hui plus souvent compris entre 200.000 et 2 millions de dollars) sont à la hauteur des enjeux économiques, dépassant le seul financement ou la rentabilité financière à court ou moyen termes. Ces « fonds d’impact » sont donc parties prenantes vertueuses de la croissance et du développement de la PME, à tous les niveaux, y compris social, environnemental et éthique.

Revers de la médaille : ces financements ne bénéficient qu’à un trop petit nombre d’élus, des « PME d’élite » (services financiers, télécommunications, énergie), seules capables de « supporter » des process d’analyse et de décision parfois longs et complexes. Et n’intéressent qu’un trop petit nombre de pays : : le Nigéria, le Kenya et l’Afrique du Sud se partagent à eux trois près de deux tiers des montants débloqués !

Constat encourageant : ces financements profitent particulièrement aux « Missing Middle », ces PME prometteuses (et souvent rentables !) oubliées par les banques.
Et bien plus qu’un simple apport de cash et qu’un actionnariat de base, ces fonds accompagnent durablement les PME choisies, en jouant un rôle opérationnel direct au quotidien : expertise technique, aide à la décision, RH, management, stratégie, budget…

Plus encore, ces fonds viennent « corriger » les modèles capitalistiques de « l’ancien monde » en insistant sur les critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance), particulièrement bienvenus dans le cadre de l’émergence d’entreprises « nouvelle génération ». Les PME ainsi financées sont alors bien souvent à la pointe question transparence fiscale, gestion des déchets, formations, services extra-financiers pour les salariés…

Dernier point à souligner : les PME épaulées par les fonds d’investissement (re)trouvent en grande majorité l’oreille attentive des banques, qui leur ouvrent alors les lignes de crédit nécessaires.

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