Les nouveaux défis de la diaspora

L’évocation de la place de la diaspora dans le processus de dĂ©veloppement Ă©conomique en Afrique suscite Ă  la fois apprĂ©hension et engouement. La question de fond se pose en ces termes : comment la diaspora peut-elle contribuer aux efforts de dĂ©veloppement et d’intĂ©gration sur le continent africain ?

Une premiĂšre difficultĂ© c’est d’identifier ces « diasporas » dont les frontiĂšres de leur prĂ©sence en Europe recoupent souvent celles de l’histoire. Selon certaines statistiques, l’Europe accueille environ 8 millions d’africains [dont 3-5 millions en France, 2 millions au Royaume-Uni et 337 000 en Italie] (sur 30 millions de migrants dans le monde) ayant diffĂ©rents profils (diplĂŽmĂ©s, crĂ©ateurs de richesses, start up, ouvriers, entrepreneurs, formateurs etc
.).
L’apport de cette diaspora est donc considĂ©rable tant dans le transfert des compĂ©tences de ses membres que la mise Ă  disposition temporaire de ses experts.
Renforcer la mobilisation des ressources financiÚres de la diaspora pour participer au développement demeure une véritable préoccupation.

Cette stratĂ©gie est aujourd’hui dĂ©veloppĂ©e par le Club Efficience Ă  travers l’Efficience Africa fund (EAF), ayant pour but :
‱ de mettre en place un outil d’investissement visant Ă  permettre Ă  la diaspora africaine en France et en Europe d’investir au sein des Petites et Moyennes Entreprises (PME) africaines par la conception d’un vĂ©hicule spĂ©cifique destinĂ© Ă  recevoir leurs fonds.
‱ Les fonds ainsi collectĂ©s seront ensuite investis dans des PME du continent, choisies avec prĂ©caution par des acteurs spĂ©cialisĂ©s dans l’investissement et la gestion de portefeuille de PME africaines.
‱ Premier vĂ©hicule d’investissement du genre, ce projet ambitionne de devenir l’outil de financement du dĂ©veloppement de l’Afrique par les diasporas africaines en Europe.

Selon l’African Institute for Remittances (AIR), la diaspora africaine a transfĂ©rĂ© prĂšs de 65 milliards de dollars vers l’Afrique en 2017. Cette somme reprĂ©sente plus du double de l’aide publique au dĂ©veloppement pour l’Afrique, estimĂ©e Ă  29 milliards en 2017.

La diaspora est reconnue aujourd’hui comme un investisseur incontournable pour l’Afrique mais aussi comme crĂ©atrice d’entreprises et de richesses avec des intĂ©rĂȘts sur les deux continents.

Une prioritĂ© consiste Ă  la mise en place de ce circuit financier fiable pour la collecte de l’épargne des membres de la diaspora (exemple des transferts en 2017 : 20 milliards pour l’Egypte et 22 milliards pour le Nigeria) et sa valorisation dans les petites et moyennes entreprises en Afrique, afin de favoriser la croissance, facteur de lutte contre le chĂŽmage.

Les dĂ©fis de dĂ©veloppement devront Ă©galement faire face au dĂ©ficit d’information, aux coĂ»ts des transferts des fonds (estimĂ©s Ă  plus de 7% et loin de l’objectif des 3% fixĂ© par l’Union Africaine) et la construction d’un rĂ©seau local afin de contribuer Ă  une intĂ©gration rĂ©ussie des membres de la diaspora qui dĂ©cident de retourner au pays.

Elias FOSSO
Responsable Cercle de réflexion du Club Efficience

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